Exposition personnelle à la Galerie Fisheye, Arles.
04.07.2021 - 30.09.2021
« Envisagée comme la trajectoire des débuts du travail de Charlotte Abramow, l’exposition Première Page retrace la manière dont l’artiste, depuis l’âge de 18 ans, déjoue les codes et les clichés associés à la beauté féminine. Sans jamais essentialiser les femmes à une seule image, ni en faisant un catalogue d’expériences, le travail d’Abramow s’attarde sur les plis, les traces, les cicatrices. Les corps deviennent une matière ludique et sortent de l’hypersexualisation. L’artiste donne une corporéité à ses sujets. Loin des images lissées qui pullulent dans les publicités ou sous les filtres d’Instagram, les femmes sous l’objectif d’Abramow ont du relief. Elles vibrent.
Charlotte Abramow porte un regard féminin dans le sens où ses photos nous permettent de ressentir ce que le sujet traverse, elle nous place dans l’intériorité de ces femmes. Sous son objectif, la masturbation, avoir ses règles, être enceinte, grossir, vieillir deviennent des états et des étapes dont les femmes peuvent être fières. Les corps féminins chez Abramow sont des corps en mouvement. Même si les femmes prennent la pose pour les portraits, leur expression n’est jamais figée, leur corps jamais cadenassé. On voit les traces du passé et l’éclat de l’avenir.
Première Page relate d’une évolution dans les corps représentés dans le travail de l’artiste, passant d’une diversité dans les formes de corps à une plus grande inclusivité de sujets. Progressivement, Abramow photographie celles qui d’habitude sont invisibilisées. Regarder en face des corps de femmes âgées, grosses, racisées, en situation de handicap, des femmes qui ont leurs règles, qui sont enceintes, des femmes trans, ou des femmes qui portent le foulard est déjà en soi un acte politique. L’œil de Charlotte Abramow va plus loin en chargeant ces corps féminins d’une vitalité. Il se dégage de chacune de ses images de la joie. Abramow célèbre le féminin, le valorise. Les photographies de l’artiste racontent que le féminin mérite d’être montré, d’être regardé et surtout d’être repensé.
Les photographies de Charlotte Abramow convoquent notre regard, elles nous invitent à devenir des spectateur.ice.s actif.ve.s. L’artiste ne se place jamais au-dessus de nous, mais nous propose de regarder avec elle, d’interroger ensemble les stéréotypes qui forment notre imaginaire, de combattre nos idées préconçues sur les corps des Autres et les nôtres. Il y a un dialogue qui se crée, une réflexion qui se partage sur des notions comme le consentement, le rapport au corps, le désir, le féminisme. Le regard subversif de Charlotte Abramow revalorise le féminin, et elle nous montre à quel point cela peut être un processus amplement joyeux. »
—
"Envisaged as the trajectory of Charlotte Abramow's early work, the exhibition Première Page traces the way in which the artist, since the age of 18, has thwarted the codes and clichés associated with female beauty. Without ever essentializing women to a single image, nor making a catalog of experiences, Abramow's work lingers on the folds, the traces, the scars. Bodies become a playful material and come out of hypersexualization. The artist gives a physicality to his subjects. Far from the smoothed out images that abound in advertisements or under the filters of Instagram, the women under Abramow's lens have relief. They are vibrating.
Charlotte Abramow has a female gaze in the sense that her photos allow us to feel what the subject goes through, she places us in the interiority of these women. Under her lens, masturbation, menstruation, pregnancy, getting fat, aging, become states and stages that women can be proud of. Abramow's female bodies are bodies in motion. Even if the women pose for the portraits, their expression is never frozen, their bodies never locked. We see the traces of the past and the brightness of the future.
Première Page tells of an evolution in the bodies represented in the artist's work, moving from a diversity in body shapes to a greater inclusiveness of subjects. Gradually, Abramow photographs those who are usually invisibilized. Looking at the bodies of elderly women, fat women, racialized women, disabled women, menstruating women, pregnant women, trans women, or women who wear headscarves is already a political act in itself. Charlotte Abramow's eye goes further by charging these female bodies with vitality. Joy emerges from each of her images. Abramow celebrates the feminine, valorizes it. The artist's photographs tell us that the feminine deserves to be shown, to be looked at and above all to be rethought.
Charlotte Abramow's photographs invite us to become active spectators. The artist never places herself above us, but invites us to look with her, to question together the stereotypes that form our imagination, to fight our preconceived ideas about the bodies of others and our own. There is a dialogue that is created, a reflection that is shared on notions such as consent, the relationship to the body, desire, feminism. Charlotte Abramow's subversive gaze revalues the feminine, and she shows us how this can be an amply joyful process."